Notre Voyage a commencé par un long trajet de 6h
Notre Voyage a commencé par un long trajet de 6h jusque Bobo-Dioulasso à bord des meilleurs bus du Burkina: TCV: Transport Voyageur Confort! Malheureusement, le trajet s'est déroulé sous la pluie... A Bobo, nous devions reprendre un car pour rejoindre Banfora, situé à 1h30 de Bobo... A cause de la pluie, notre car a pris du retard et nous sommes arrivés après le dernier TCV pour Banfora, déjà fatigués et affamés. Tant pis, nous décidons de changer de compagnie: sous des trobes d'eau nous hélons un taxi, chargeons les 3 sacs à dos, et c'est parti pour rejoindre la compagnie Rakiéta, à 15 minutes. Après avoir mis le contact en connectant deux fils sous le volant, notre taximan, déclenche les essuis-glaces (également grâce à deux fils sous le volant). Dix mètres plus loin, les essuies-glaces sont emmélés, le taximan sort pour les remettre et on repart. 10 mètres plus loin le même scénario se répète... Pas de stress, nous patientons, et 10 mètres par 10 mètres nous finissons par arriver à la gare Rakiéta. Billets en main nous grimpons dans le car, sacs à dos sur les genoux pour 1h30 de trajet. Surprise, le toit du car semble être une passoire! il pleut sur nous dès que le chauffeur appuie sur le frein! De même une poussière jaune orangé nous couvre rapidement! Lorsque nous demandonsd'où vient cette poussière, nos voisins nous répondent que c'est de la poussière de Baobab! Quelques jours plus tard, nous apprendrons que Baobab, en Moré, signifie Route! donc non, ce n'est pas de la poussière de Baobab mais bien la poussière de la route!!! Après quelques douches et beaucoup de poussières, un des passagers nous propose en riant un casque de moto pour nous protéger! Fou rire général dans le car. Finalement, les galères des trajets peuvent être amusantes!
Enfin, nous arrivons à Banfora où nous attendent Lateef et notre hébergeur du soir! Les mains se serrent et nous repartons direction Tengrela dans un nouveau moyen de transport: un Taxi-mobilette! une moto à trois roues tirant une espèce de chariot. Heureusement il ne pleut plus! Nous nous agrippons aux barres de fer qui entourent le chariot, il fait nuit nous sommes frigorifiés, trempés, affamés et fatigués mais ce premier essai en taxi-mobilette nous fait tout oublier: entre bosses et trous, nous sommes trop concentrés pour ne pas tomber du chariot pour penser à autre chose! Notre campement se profile au bout de 20 minutes devant nous: des petites cahuttes parées de volets bleus! Vite nous mangeons, vite nous allons nous coucher! Cette journée aura eu le bon goût du nouveau, du dépaysement, de l'Aventure!
Le lendemain, debout à 6h, nous rejoignons les pirogues sur le lac! Il pleut encore un peu (il bruine, il pleuviotte, il crachine...) La balade en pirogue au lever du soleil devait nous permettre de voir les hippopotames... Malheureusement, ils ne sortent pas leurs têtes de l'eau, nous ne les voyons pas. En revanche nous croisons des Toubabous: Espèces extrêmement rares au Burkina: des Blancs, appelés également Nassara. C'est un jeune couple d'étudiants venant de Paris qui ont fait le même programme que nous: après 3 semaines à Ouaga, ils profitent d'une semaine de tourisme. Thomas et Flora se joindront à notre groupe pour la journée! Au programme: 20 minutes de marche pour rejoindre les cascades de Karfiguéla, puis nous rejoindrons les dômes avant de rentrer au campement. La réalité est tout autre! Les 20 minutes de marche se transforment en 1h puis 2 puis 3 heures de marche! Nous apprendrons plus tard que nous avons fait près de 15km. Lateef, notre excellent guide/conteur se fera charier durant tout le reste du séjour! Le paysage est magnifique entre le vert fluo des rizières, le ciel bleu et la terre rouge. Nous apprennons à reconnaître le bois de tek, les manguiers, les baobabs... Nous apprenons comment faire du riz: on pique les jeunes pousses dans l'eau, les familles s'entraidant pour aller plus vite. trois mois plus tard, les pousses, devenues grandes, sont coupées à ras et séchées au soleil pendant encore un mois. Une fois bien secs, les épis seront frappés afin de séparer feuilles et graines. Le chemin se déroule tranquillement entre chants, photos, anecdotes et découvertes. Nous arrivons ensuite aux cascades de Karfiguéla... Mais avant toute chose nous mangeons! Il est 14heures, nous avons faim! Hélas, les restaurants ici n'ont pas la rapidité et l'efficacité de nos restaurants français... Nous devrons attendre 1heure avant de manger des pâtes froides accompagnées d'une simple sauce tomate...
Après avoir grimpé quelques instants, pour une meilleure digestion, nous découvrons enfin les fameuses cascades de Karfiguéla: une eau rouge due à la saison des pluies dévale des roches, se jetant bruyamment dans le fleuve de Comoé, lui imprimant son énergie et sa rapidité. C'est magnifique, c'est la nature à l'état pur.
Nous continuons notre voyage vers les dômes de Fabédougou, longeant la crête à pied jusqu'à d'énormes tuyaux qui traversent le paysage afin d'irriguer , les champs de cannes à sucre, avec l'eau de la source. Les dômes perçent l'horizon, comme des géants de lafite rouge. Nous vous montrerons les photos! Nous prenons un taxi-mobilette, nous serrant à huit dans le chariot et c'est parti direction le campement afin d'attraper nos valises: le temps nous a rattrapé, nous sommes très en retard: aura-t-on notre car pour Bobo à 18h? La réponse est NON! Nous devrons de nouveau changer de gare afin de partir de la gare de Rakiéta et non pas de la gare de TCV. Nous arriverons à Bobo vers 21h30 et mangerons sur place. Deuxième journée de voyage réussie! Nous avons fait tant de choses que nous avons l'impression d'être partis de Ouaga depuis déjà une semaine!
Nous sommes donc à Bobo-Dioualasso, où nous passerons la nuit du samedi soir au dimanche puis la nuit du dimanche soir au lundi matin.
Un peu d'histoire: Bobo-Dioulasso, anciennement Sya, est l'actuelle capitale économique du Burkina Faso. Son nom signifie Patrie (So) des Bobo (nom de l'ethnie principale de cette région) et des Dioula (ethnie originiaire de Mali qui s'est installée dans cette région. C'est une ethnie de commerçants qui, lors de la colonisation des français en 1900, étaient les principaux négociateurs. Ils faisaient le lien entre les burkinabè et les colonisateurs.) C'est une ville très dynamique et touristique: Sya est l'ancienne capitale du Burkina Faso, lorsque ce pays s'appelait encore la Haute Volta. Les français ont préféré Ouagadougou comme capitale du fait de son emplacement, plus central. Mais à l'époque Bobo était plus pratique parce que plus proche de la Côte d'Ivoire, du Togo, du Bénin et du Mali.
dimanche matin:
-Koro
Après les portions maigres des frites de la veille au soir, qui ont mis 1h30 à être servies, le petit-déjeuner est fastueux, avec notamment des confitures locales d'oranges et d'ananas. En cette matinée dominicale où les rues sont désertes et les églises résonnent de chants divers et variés, nous quittons l'hôtel où Super Lateef (c'est-à-dire superlatif, spéciale blague d'ortho') nous a rejoint.Avec notre demi-heure de retard habituelle sur l'horaire pré-décidé, le spacieux taxi nous fait traverser Bobo, pour nous amener à Koro. Spacieux taxi, certes, mais Lateef nous raconte ses histoires depuis le coffre. Spacieux coffre, donc tout va bien.
Le village de Koro est à une quinzaine de kilomètres de Bobo, il faut quitter le goudron valloné, bordé d'une nature verte et luxuriante, pour atteindre une piste jouxtant une carrière de granit de laquelle résonera plus tard une puissante explosion.
Lateef, une fois au pied du village, se fait interpeler par notre future guide. Apparemment ils se seraient connus de manière plus "intime", il l'appelle "ma chérie" mais elle refuse ! On ne saura jamais si c'était un jeu entre eux, un jeu entre différentes ethnies (appelé la parenté à plaisanterie), ou s'il s'est vraiment passé quelque chose. Mais ça nous intrigue !
L'accès au village de Koro se mérite, après un quart d'heure de grimpette. Au fur et à mesure que nous escaladons les roches, nous en venons à surplomber la nature alentour. Tout est très vert. Tout est très calme. Comme au lac de Tengréla, nous prenons de la hauteur sur la fourmillère de la ville.
Ce village est planté sur le haut de la petite montagne car ses premiers habitants ont fuit les guerres qui sévissaient dans les plaines. Son organisation est en trois parties : les animistes, les forgerons et les dioulas. Les animistes s'occupent de tout ce qui est en rapport aux esprits, aux sacrifices, à l'histoire du village, avec la famille du griot qui connait les histoires plus ou moins glorieuses de toutes les familles du village.
Les forgerons (les hommes), comme les potiers (les femmes), se chargent de construire et réparer les outils dont se sert le village, et que les animistes prennent avec eux aux champs lors de la saison des récoltes. Les animistes, qui étaient absents, passent 6 mois de l'année aux champs (situés à 15 kilomètres aux alentours), et ne reviennent qu'en cas de problème au village.
Enfin les Dioulas, les héritiers des premiers commerçants ayant investi la région de Bobo, partent à la ville pour vendre les produits du village.
La vie de ce village est cadencée au rythme des rituels animistes, tant au niveau du village, qu'au niveau de chacun, qui peut demander, implorer, selon ses besoins. Nous passons devant un autel de sacrifices réservé aux jumeaux, véritables porte-bonheur au Burkina. L'équilibre doit être maintenu lorsqu'il s'agit de jumeaux, quand on offre une chose à l'un, il faut offrir la même chose à l'autre.
Le moment culinaire, croquant et gourmand de la visite arrive enfin. Pour notre plus grand plaisir, on se voit proposer des chenilles grillées à déguster en apéritif. Tout le monde s'y essaye, avec plus ou moins de succès. On passe ensuite devant une bassine remplie de chenilles vivantes, qui grouillent de partout. Une chenille fait à peu près la taille d'un doigt, elle est noire et jaune, avec des petites épines blanches. Amélie et Virginie, après s'être assurées que les chenilles ne sont pas urticantes, plongent la main dans la bassine pour en retirer une, et les poser sur leurs mains.
La visite se clôt sur la redescente vers le taxi, accompagnés des quelques enfants qui nous ont suivis. Amélie C. prend le temps de faire le cochon pendu à un arbre, et Lateef nous raconte alors une de ses histoires, sur un enfant qui au moment du choix de sa religion ne peut pas se décider pour l'islam car il aime trop le saucisson. Tous les français présents approuvent, et midi se rapprochant, on sent que chacun a l'eau à la bouche à l'évocation du saucisson.
Un dernier au revoir, et l'on repart en ville, pour cette fois-ci déguster un sandwich aux chenilles et aux petits oignons.
Sur le chemin, nous nous arrêtons au niveau du rond point qui fut construit pour le cinquantième anniversaire de l'indépendance du Burkina Faso (date de l'indépendance: 5 août 1960) Le rond point est une gigantesque termitière symbole de l'union faisant la force. Autour de cette termitière géante en ciment se trouvent des poissons en bronze: à Bobo-dioulasso, les silures sont des dieux sacrés qu'il faut respecter. Ils sont considérés à l'égal des humains: lorsqu'un silure meurt, les habitants lui font de magnifiques funérailles. Après quelques photos nous repartons direction un restaurant, le sandwich aux chenilles nous ayant servi de simple apéro. Nous enchaînons avec le musée de la musique, qui commence par un film de trente minutes: les instruments de musique permettent la communication entre les habitants et les dieux, lors des rites, ils sont également utilisés pour communiquer entre les habitants, à distance ou avec les troupeaux. Et bien sûr les instruments égaillent les fêtes, et permettent de danser! nous retiendrons également que les mères bercent leurs enfants en leur contant des histoires prévenant contre l'appât du gain ou les mirages de la grande ville... Nous ne pouvons nous empêcher de comparer aux contes qui bercent l'enfance des français, parlant de princes charmants et des beaux palais. S'ensuit un enchaînement de pièces et d'instruments dont certains que nous pouvons essayer. Notamment, un instrument imitant le rugissement du lion afin de faire peur aux enfants.
Nous avons encore le temps de passer sur le grand marché de Bobo, où certaines font l'acquisition de pagnes (Amélie J. se fera faire une tenue traditionnelle chez un tailleur).
Après un petit temps de repos à l'hôtel, nous rejoindrons un superbe restaurant, le Trigone, où, pour la première fois, le repas est servi rapidement! Nous craquons pour du poulet grillé et du vin rouge. Le tout dans une ambiance tamisée par des pères noël lumineux. Nous mangerons dehors mais il nous aurait été possible de manger dans un bus ou une voiture, faisant parti du décor! La soirée a un goût de "dernière soirée" avant la fin et le retour, et nous en profitons au maximum tout en parlant de ce qui nous attend en France.
dernier jour à Bobo, nous nous dirigeons vers la vieille ville, divisée en quatre parties: la partie des forgerons, celle des animistes, celle des griots et celle des musulmans où nous sommes entrés dans la maison du chef du canton: à l'époque c'est la femme du chef du canton qui a donné son prénom à la ville: Sya.
Nous sommes également passés devant la vieille mosquée.
Le retour à Ouaga a été long, très long, et sous la pluie... Nous sommes arrivés chez Martine plus tard que prévu mais contents de trouver de bonnes pizzas et de dormir au chaud.
l'heure du départ approche, à très bientôt, en France!!!